L'anéantissement de six millions de juifs, durant la Shoah, relève du plus profond des mystères théologiques. Aucune explication, argumentation ou justification ne résiste à l'analyse des textes traditionnels. L'histoire d'Israël a buté, là, sur le silence divin, c'est-à-dire sur l'absence de la manifestation du Créateur dans le cours tragique des événements. Redoutable question qui hante les esprits et qui convoque le juif à réfléchir sur son identité religieuse, son histoire et la manière dont il l'assume, sur sa place dans la longue chaîne des générations qui composent le peuple d'Israël et sa responsabilité vis-à-vis de lui. Dans le même temps, il est indéniable que le nazisme constitue l'antinomie radicale au monothéisme juif, à l'éthique portée par la Torah, à ses valeurs et à ses espérances.
Les corps ont été meurtris mais c'est aussi l'âme qui était visée. L'abandon à la vie instinctive et la guerre menée à la conscience sont des idéaux fondamentaux de l'idéologie nazie. Si la foi en Dieu a été blessée et meurtrie par les camps et les ghettos, les générations nouvelles se doivent de l'approfondir et de l'intensifier, la nourrir et la cultiver. La réconciliation avec un judaïsme authentique est la seule voie pour renouer avec un projet et une civilisation, qui ont été violentés avec une indescriptible cruauté, et qui sont pourtant les garants de la construction d'une humanité enfin devenue raisonnable.